Découvertes,  Écriture,  Réflexions

Vide maison, Vives émotions 2/2

Comme promis la suite de mon aventure … (voir Vide maison, vives émotions 1/2)


… Je détourne mon attention de la boite à bijoux, et mon regard se pose  sur une chemise cartonnée, masquée aux trois quarts par des tracts publicitaires. Une inscription est visible sur le coin qui dépasse, « Le Creusot, réfection de la culée EST, compte rendu ».

Ma curiosité étant piquée, je m’empare de la pochette pensant y trouver des documents historiques sur ma ville natale. Je l’ouvre et là, surprise, je découvre des dessins, des portraits, datés des années 40. Je les saisis délicatement et le contact de ma peau avec le papier jauni fait déferler en moi une nouvelle vague d’émotion.

Je caresse les courbes des personnages avec des yeux qui ne sont pas les miens, mais ceux de l’artiste dont j’arrive à sentir la présence. J’appréhende chaque mouvement, chaque trait de crayon ; j’imagine aisément cet homme, sensible, appliqué, je le vois, courbé dans son fauteuil. Nous sommes en pleine guerre. Quels étaient les sons, les odeurs, les couleurs qui l’accompagnaient dans ses œuvres ? Qui était-il ? Dessiner lui permettait-il de s’évader, et ainsi d’échapper au quotidien de cette période sombre ?

Après plusieurs hésitations, je finis par prendre la pochette et me dirige vers le vendeur pour régler mes achats. L’homme monnaie ses souvenirs, nous discutons. J’hésite encore et je finis par la reposer avec un goût amer. Je ne dois pas trop dépenser en ce moment, même si ce sont des achats professionnels. Je règle donc mon dû et me dirige vers la sortie, m’interrogeant sur le devenir de ces dessins.

Je monte dans mon véhicule, roule quelques instants et… finis par faire demi-tour. Je ne me l’explique pas, mais je ne pouvais pas les laisser. Il fallait que je les emmène, que je les sauve, que je les revois encore, c’était plus fort que moi. Je me gare à la hâte, pénètre de nouveau dans l’enceinte des bâtiments, croise à peine le regard de l’homme qui se demande pourquoi je suis de nouveau là, lui bafouille que je viens chercher les dessins, lui tends, tremblante, mes billets et repars aussitôt.

Sur le retour, me voilà submergée par une émotion étrange, comme si le contenu de la pochette m’envahissait ; j’avais envie de rire et de pleurer. Je finis par arrêter la voiture dans un coin de verdure pour reprendre mes esprits, écrire et regarder les dessins à l’abri des regards, dans une intimité nouvelle.

Je méditai ainsi quelques instants, portée par le souffle du vent, et réfléchis à cette matinée, à tout ce que j’y vis, tous ces souvenirs qui vont peut-être à la fin de cette journée disparaître à jamais. Puis, je repris le chemin de la maison, le chemin du présent, avec en tête cette question : que devons-nous laisser de notre passage ?


Après réflexion, j’ai fini par décider de me séparer de ces dessins. Finir dans un tiroir n’est guère glorieux comme destin. Je vais leur trouver de beaux cadres qui les mettrons en valeur et je les proposerai dans la boutique pour qu’ils continuent à vivre à travers le temps.

Voici quelques photos. Tous les dessins n’y sont pas mais si cela vous intéresse vous pouvez me demander.

A bientôt pour une prochaine aventure !

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